Alors que le gouvernement donne un coup de pouce supplémentaire aux pompes à chaleur, les professionnels de l’isolation réagissent. Avant de songer au chauffage, il faudrait peut-être d’abord isoler correctement. Dans un livre blanc dévoilé début mars, plusieurs professionnels du secteur appellent à ne pas négliger l’isolation si on veut vraiment éradiquer rapidement les passoires thermiques.
On pourra y voir un paradoxe. “La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas”, entend-t-on régulièrement. Et pour chauffer moins, forcément, l’isolation vient d’abord à l’esprit. Pourtant du côté du Groupe de travail sur la qualité de l’enveloppe du bâtiment (GTQE), auteur de ce nouveau livre blanc, on a le sentiment que l’isolation des bâtiments a été reléguée au second plan depuis quelque temps. “Le Gouvernement a pris le parti d’ériger le remplacement des systèmes de chauffage et le recours aux pompes à chaleur au rang de priorités”, regrettent les auteurs.
Cela vaut pour les certificats d’économies d’énergie (CEE) avec un super-bonus minimum de 5.000 euros depuis le 1er mars pour l’installation d’une PAC, cela vaut aussi pour l’autre aide majeure de la rénovation, MaPrimeRénov’. “Les travaux d’isolation sont trop peu considérés et arrivent largement après les changements des systèmes de chauffage.” Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la prime de transition énergétique sert d’abord à une rénovation mono-geste maintes fois critiquée, avec très souvent un changement de chauffage (70% des travaux) loin, très loin, devant les travaux d’isolation (21%). Logique: pour sortir vite des énergies fossiles, le gouvernement a dopé les aides pour changer sa chaudière, quand à l’inverse, les aides à l’isolation thermique connaissaient quelques sérieux coups de canifs. Prochain en date, les ménages les plus aisés ne bénéficieront plus de MaPrimeRénov’ à partir du 1er avril pour l’isolation thermique.
Stopper le “saupoudrage” des aides
Les auteurs du livre blanc veulent donc remettre l’église au milieu du village. Études à l’appui, ils rappellent qu’avant de songer à un nouveau mode de chauffage, il faudrait peut-être isoler les passoires thermiques. “La priorité doit s’orienter vers une performance de l’enveloppe car l’énergie la moins chère est celle qui n’est pas consommée.”
Les aides à la rénovation ne sont pas les seules dans le collimateur des professionnels de l’enveloppe du bâti qui regrettent le “saupoudrage” des aides. Les mesures d’urgence, comme le chèque énergie qui a bénéficié en 2020 à 5,5 millions de ménages pour un coût global de 852 millions d’euros, sont également dans leur ligne de mire. Certes, de telles mesures permettent de limiter la précarité énergétique, mais les auteurs du livre blanc estiment que “cette enveloppe budgétaire, bien qu’utile à court terme, n’en demeure pas moins un palliatif sans jamais soigner le mal”. Sous-entendu, ce serait peut-être préférable de l’affecter à un investissement durable, comme l’isolation de l’enveloppe dont la durée de vie va osciller entre 50 et 100 ans.
C’est bien le sens de ce livre blanc qui rappelle que la rénovation doit d’abord se faire avec du bon sens. Autrement dit en commençant par l’isolation puisqu’elle reste le meilleur gisement d’économies d’énergie. “L’amélioration de l’isolation de tous les bâtiments résidentiels existants dans l’UE contribuerait de manière significative à garantir l’indépendance énergétique de l’Union et à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.“
Source: infodiag
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